Édifices religieux

Crypte des Brotteaux : ossuaire de la chapelle Sainte-Croix de Lyon

Crypte des Brotteaux : le dernier tombeau des Lyonnais tués lors la Révolution

145 rue de Créqui, dans le 6e arrondissement de la ville de Lyon, se dresse la Chapelle Sainte-Croix. A l’intérieur, se trouve une crypte souvent appelée « crypte des Brotteaux », chapelle souterraine qui renferme l’histoire de  centaines de  lyonnais massacrés par l’armée française pendant la Révolution, en 1793, durant le siège de Lyon. On parle aussi de Chapelle expiatoire de la Croix-Glorieuse. Un autel, fourni uniquement de crânes et d’ossements des restes de ces lyonnais tués parce qu’ils s’étaient opposés à la Révolution, est présent en la mémoire de ces derniers. Durant ces massacres 2 000 Lyonnais sont exécutés, puis jetés dans une fosse commune.

Le siège de Lyon de 1793

En 1789, la Révolution éclate et en 1793, la France connaît le régime de la Terreur. Les membres de la Convention (l’assemblée gouvernant alors la France) prenant le pouvoir à Lyon s’avèrent particulièrement autoritaires et sanguinaires et la terreur règne aussi au sein de la ville. Une guillotine est installée place des Terreaux et les exécutions sont nombreuses.

Face à cette violence, nombre de lyonnais contre le gouvernement central se soulèvent et une contre-révolution s’organise. Ils font appel au Comte de Précy, un général à la retraite. Mais la Convention persiste : « l’Armée des Alpes » (révolutionnaires locaux) est alors chargée de contre-attaquer et de faire cesser les actions des contre-révolutionnaires. Ils attaquent sans cesse Lyon et entrent dans la ville le 12 octobre 1793. Les volontaires lyonnais sont vaincus et les commissaires de la Convention avides de vengeance. La population lyonnaise payera très cher sa rébellion.

L’épisode de « terreur rouge » commence. Une répression effroyable est mise en place, notamment organisée par Joseph Fouché. Hommes, femmes et enfants ayant participé de près ou de loin à ce soulèvement sont pourchassés, emprisonnés puis guillotinés. Toutes les prisons sont pleines et la guillotine place des Terreaux ne suffit alors plus aux exécutions : les soldats fusillent les condamnés sur la rive gauche du Rhône, dans la plaine des Brotteaux (alors un marécage). De nombreux blessés sont achevés à la baïonnette. Parfois, on les fait piétiner par des chevaux ou on les enterre vivants. Les corps sont sommairement enterrés dans des tranchées ou des fosses communes par les soldats, qui, horrifiés, refusent assez vite de continuer à prendre part à ces massacres perpétrés aux Terreaux, à Bellecour mais surtout au sein de la plaine des Brotteaux, alors un véritable lieu d’exécution.

D’octobre 1793 et avril 1794, on parle de 1 600 à 2 000 personne exécutées. Le 3 décembre 1793 a lieu un véritable massacre. Pas moins de 209 Lyonnais tombent fusillés dans cette plaine des Brotteaux, près de la grange dite de la Part-Dieu.

L’ossuaire de la crypte des Brotteaux : hommage aux victimes de 1793-1794

C’est en 1795, après la mort de Robespierre, que les familles des personnes exécutées durant ce siège meurtrier de Lyon font construire un premier tombeau en leur mémoire, sur les plans de l’architecte Claude-Ennemond Cochet (1760-1835). Un cénotaphe est érigé sur la plaine des Brotteaux, lieu du massacre. Rectangulaire, le monument est surmonté d’une coupole en forme de pyramide. Inauguré le 29 mai 1795, il est détruit par un incendie en janvier 1796.

Entre 1814 et 1819, Claude-Ennemond Cochet dirige, au même endroit, la construction d’un second monument religieux. Il s’agit d’une chapelle expiatoire en forme de pyramide entourée de jardins, sur un hectare et demi. Ce monument accueille, dans un caveau, tous les ossements des victimes des massacres de Lyon de 1793 et 1794 (alors dispersés dans de nombreuses fosses communes) à partir de 1823, année au cours laquelle les restes des corps des victimes sont exhumés. Le tombeau du général de Précy, qui avait pu s’échapper de Lyon lors de ces événements, et qui a tenu à se faire inhumer au sein du monument, rejoindra l’édifice en 1821.

Le monument actuel

A la fin du 19e siècle, l’avenir de la chapelle expiatoire fait débat. Suite à la forte augmentation de la population et à l’aménagement du quartier, des opérations d’urbanismes prévoyant de réunir les deux tronçons de la rue de Créqui, obligent à un passage sur le terrain qui abrite alors le monument. La destruction de l’édifice est envisagée.  Riverains, politiques et religieux se divisent sur la question : plus de 2 000 lyonnais signent une pétition s’opposant à ce projet de démolition. Le maire et les familles des victimes s’accordent alors sur un compromis. La structure pyramidale sera détruite mais la ville assure reconstruire, une vingtaine mètres plus loin, un nouveau monument dédié à la mémoire des victimes de 1793.

Principaux propriétaires du quartier, les Hospices de Lyon cèdent en 1897 une partie de terrain voisine de la chapelle expiatoire, pour que ce soit construit, à une vingtaine de mètres comme convenu, ce nouveau monument. Un troisième édifice, une chapelle plus petite que l’on appelle aujourd’hui communément la crypte des Brotteaux, est dessinée par l’architecte Paul Pascalon et érigée entre 1898 et 1901. Débute alors un nouveau débat : que faire des ossements ? Le maire de l’époque, Victor Augagneur, refuse leur déplacement. L’affaire remonte même au Conseil d’Etat, jusqu’à ce qu’en 1906, le nouveau maire Edouard Herriot accepte le transfert le 2 juillet, à condition que l’église ne soit pas ouverte au culte. Celle-ci est inaugurée puis bénie le 2 août 1906 sous le vocable de Sainte Croix. On détruit alors le second monument.

Aujourd’hui encore, c’est la crypte de cette chapelle Sainte-Croix conçue par Paul Pascalon,  troisième monument rendant hommage aux lyonnais exécutés en 1793 (situé dans le quadrilatère limité par les rues Robert, de Créqui, Louis-Blanc et Duguesclin), au style néo-Byzantin et d’apparence assez austère, surplombé par un dôme élevé, possédant deux tours carrées et entouré d’un jardin grillagé, qui renferme cet ossuaire si particulier, formant un impressionnant amoncellement de crânes et d’os. Si les ossements de cet « ossuaire de Lyon » sont si bien conservés et visibles de cette façon au sein de la crypte des Brotteaux, c’est grâce à la chaux versée sur les corps, juste après les exécutions.

A l’intérieur, dans la nef de la chapelle Saint-Croix, les noms des « Victimes Lyonnaises immolées en 1793-1794 » sont gravés sur des plaques de marbres.

Reprenant la la profession et l’âge des victimes, les registres reproduits évoquent, du 12 octobre 1793 au 6 avril 1794, environ 2 000 victimes âgées de 18 à plus de 70 ans de toutes origines (religieux, artisans, commerçants, domestiques, etc.). Gardée par les Pères Capucins depuis l’origine, la gestion de la crypte des Brotteaux est assurée depuis mai 1979 par la Famille Missionnaire de Notre-Dame.

Présentation de la crypte des Brotteaux en vidéo

Le saviez-vous ?

En 1989, lors du bicentenaire de la Révolution, Lyon 89 et Lyon 93, deux associations regroupant des descendants des victimes du siège et de la répression, sont créées. L’association Rhône 89, est elle tournée vers la connaissance historique.


Accès

Vous pouvez vous rendre  au 145-147 rue de Créqui (6e arrondissement de Lyon) notamment en bus.

  • Bus ligne C13 | Station « Halles Paul Bocuse ».
    Puis, marchez environ 400 mètres et vous arrivez sur la rue Créqui.


Ouverture

Les visites sont possibles sur rendez-vous tout l’année tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 17h30 sauf les mercredis et les dimanches. Tarifs : entrée libre.

Tél : 04 78 24 30 82
Site web : www.fmnd.org
Contact : Email : lyon@fmnd.org


Sources

leprogres.fr
fr.wikipedia.org
patrimoine.rhonealpes.fr
lelyondesgones.com
museemilitairelyon.com
lyonpeople.com
guichetdusavoir.org
psbenlyonnais.fr/
justeunedose.fr/
fr.geneawiki.com
archiveslyon.fr
rue89lyon.fr
woozgo.fr/lyon
spot-web.fr/lyon